Finalement, pourquoi une telle expédition ?

De retour au bercail, tout semble être resté à sa place. Pourtant ces trois semaines de voyage prennent pour moi la dimension d'une vie. Si l'heure devrait être aux retrouvailles, c'est surtout de bilan dont il est question. L'empreinte carbone d'un tel voyage n'est pas négligeable alors que tout l'enjeu de cette mission est de lutter contre le changement climatique. C'est maintenant que tout commence, valoriser cette expérience unique en profitant de l'intérêt qu'elle suscite pour inspirer le plus grand nombre.

 

Je commence à comprendre les mots de Barney Swan, le fils de Robert Swan : 'si tu veux être écouté, fais quelque chose de grand'. Je n'imaginais pas qu'autant de personnes suivraient mon blog et surtout à quel point ils attendaient le récit de ce qui, pour eux, est une véritable aventure. Cette mission me donne l'occasion d'être invité dans des réunions pour raconter cette expédition. On m'offre près de 45 minutes d'audience attentive. C'est là que les conseils de Robert Swan s'avèrent d'une redoutable efficacité : ne pas tomber dans le plaidoyer, raconter son histoire avec sincérité. Les messages n'ont que plus d'impact.

>>> Découvrez la mission 2041 Climate Force Antarctica

De tous les échanges, débats et conférences auxquels j'ai pu assister pendant cette mission je retiendrai donc ceci :

Tout est lié. Notre activité est la cause de la fonte des glaces en Antarctique. Demain, la fonte des glaces sera à l'origine des bouleversements que nous connaitront.

 

Quoiqu'il arrive, nous allons devoir changer nos modes de vie. Et il n'y a que deux options : soit nous commençons à réellement revoir notre modèle et le monde dans lequel nous vivons restera viable et comparable à ce que l'on connait aujourd'hui; soit nous ne faisons rien et ces changements nous seront imposés avec énormément de brutalité et de radicalité car notre climat ne ressemblera à rien de ce que nous avons connu jusqu'ici.

Néanmoins, il est indispensable de rester positif, d'autant que nous pouvons l'être. Aujourd'hui toutes les solutions techniques nécessaires à la lutte contre le changement climatique existent. On ne peut donc pas se cacher derrière cet argument. L'enjeu réside uniquement dans la vitesse à laquelle nous allons les déployer.

Et si certains pensent que leur rôle face à un tel enjeu est négligeable, que ce sont aux gouvernements de réagir, aux entreprises de changer... Je leur rappellerai que dans nos démocraties, les gouvernements sont élus en répondant aux préoccupations de l'opinion publique, de même que les entreprises se positionnent sur des exigences de leurs clients. Chacun a bien un rôle à jouer. 

Alors à titre personnel, si je dois prendre un engagement après une telle expérience, ce sera de m'interroger chaque fois que j'aurai à consommer, me déplacer ou même choisir un prestataire : existe-t'il une alternative au choix que je m’apprête à faire avec une empreinte carbone plus faible ? Et j'invite tous ceux qui m'auront lu ou écouté à faire de même. 

Il n'y aura peut être pas toujours de réponse mais l'éveil commence souvent par une question et il est très difficile de toujours répondre non à une question.

Cet éveil peut soulever des montagnes. Je l'ai appris de ma fille à qui je demandais ce qu'elle faisait avec un détritus ramassé dans la forêt : "je fais ma part papa". Elle me raconta ensuite la fameuse légende du colibri qui enchaine les allers retours pour déposer quelques gouttes d'eau sur l'incendie qui ravage la forêt. "Je fais ma part" dit il à ceux qui restent pétrifiés devant ce désastre. Une belle leçon pour les adultes que nous sommes. Car nous avons bien plus que des gouttes d'eau à apporter en réponse au défi climatique qui menace les générations futures.

>>> Lire le premier article